mardi 29 septembre 2015

dimanche 27 septembre 2015

dimanche 20 septembre 2015

mardi 1 septembre 2015

Nénuphars Edmond Rostand


L’étang dont le soleil chauffe la somnolence
Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;
Les uns, sortis de l’eau, se dressent tout tremblants,
Et dans l’air parfumé, leur tige se balance.

D’autres n’ont encore pu fièrement émerger :
Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.
On les voit remuer doucement et nager :
L’eau frissonnante affleure au bord de leur calice.

D’autres, plus loin encor du moment de surgir
Au soleil, ont leur fleur entièrement recouverte…
On peut les voir, bercés d’un remous sur l’eau verte :
Ecrasés par son poids, ils semblent s’élargir.

Ainsi vont mes pensers dans leur floraison lente.
Il en est d’achevés, sans plus rien d’hésitant,
Complètement éclos, comme, sur cet étang,
Les nénuphars bercés par la brise indolente.

D’autres n’ont encore pu dépasser le niveau ;
Ce sont ceux-là surtout, que, poète, on caresse,
Qu’on laisse à fleur d’esprit flotter avec paresse,
Comme les nénuphars qui bâillent à fleur d’eau.

Mais je sens la poussée en moi vivace et sourde
D’autres pensers germés mystérieusement,
Qui s’achèvent encor dans l’assoupissement,
Comme les nénuphars qui dorment sous l’eau lourde.

Edmond Rostand 1868 – 1918 (Les Musardises)

LC de la Cachette- clic sur la photo